mardi 13 décembre 2016

Lettre au père Noël

J'aimerais (très souvent) retrouver l'innocence de mon enfance ; dire les choses comme on les voit, simplement, ne pas voir le mal, et croire tout ce qu'on me dit : le père Noël, la petite souris, les cloches de Pâques.. enfin vous voyez! 

Y'a bien un gars à la maison ressemblant au vieux Monsieur avec sa barbe et tout aussi généreux... mais ne le sentant pas très impliqué dans cette frénésie de "mon beau sapin", "jingle bells" et autres chansonnettes et rituels du mois de décembre, j'ai décidé d'écrire ma petite lettre de vœux pour Noël ici, pensant peut être trouver écho auprès d'autres femmes de traileurs... qui sait???

Cher père Noël,
Je me doute que la course à pied n'est pas votre passion première, quoique vous faites le pire des ultra trail tous les 24 décembre, de nuit, avec le froid... une P***** de Saintelyon en fait! 
Bon, soyons clairs, je vous conjure de ne pas offrir quoique ce soit ayant un quelconque lien avec la course à pied car ici, on se croirait dans une enseigne spécialisée de running depuis quelques années. 

Ma fille qui n'a pas deux ans reconnaît les baskets et préfère mettre ça que d'autres pompes alors même qu'elle ne marche que depuis deux mois..bref

En fait, je n'ai besoin de rien finalement : j'ai une famille heureuse, je poursuis ma réorientation professionnelle pour avoir un travail en accord avec la vie de famille que je souhaite avoir. La santé ok, bref je vois pas trop de quoi me plaindre en fait ; j'arrête mon article donc, genre ma vie est parfaite, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants???? Noooooon pitié pas d'autres enfants! 

Mais c'est bientôt Noël, et si j'étais une connasse de princesse qui n'en a jamais assez. je voudrai :

- que mon traileur lâche son téléphone parfois ; si la greffe existait, je crois qu'il aurait été dans les 100 premiers à passer sur le billard! 

- que ma fille demande son père quand elle se casse la figure, qu'elle est malade ou qu'elle n'arrive pas à dormir à 3h du matin. 

- que j'arrête de me justifier quand on me demande si je cours en répondant : oui je cours mais à mon petit niveau hein, je fais pas de compèt/je cours pas très vite/pas très longtemps : MERDE quoi oui je cours et c'est déjà très bien. 

- que mon traileur arrête de me faire croire qu'il y a des femmes de traileurs plus investies, plus présentes sur les courses car plus j'en parle, plus j'observe et moins j'en vois en fait!!!! 

- que mon traileur court encore plus vite pour finir ses courses encore plus rapidement en s'entraînant 2 fois moins (oui d'accord le père Noël c'est pas la cour des miracles, mais je rappelle que je suis une connasse de princesse donc rien est trop beau!).

- que les réseaux sociaux soient essentiellement du partage et pas que de la critique (même si certains me font rire et que moi non plus j'aime pas tout le monde! Aaaah ça non!! Je peux même être une sacrée langue de...vipère mais c'est pas l'objet de mon blog). 

- que les baskets se lavent toutes seules, que les vêtements de sport ne puent pas autant, que les montres GPS captent tout de suite... Que le congélateur ne soit pas rempli de bidons vides car ça tue les microbes, ni le porte biberon d'ailleurs qui n'a depuis longtemps plus sa place pour les biberons. Ma vie est très problématique comme vous le pouvez le constater.

Oui ce ne sont que des choses superficielles mais si vous saviez comme je suis contente de n'avoir "que ça" comme souci! 
Il y a tout juste un an, j'apprenais une nouvelle qui m'ébranlait, et si un an plus tard, le soleil est au beau fixe, pour la première fois, j'ai eu peur de perdre ma maman. J'en ai jamais parlé jusque là mais c'est sans doute pour fermer la parenthèse d'une année difficile. 

Qu'est ce qui ressort de cela? Non, ma vie n'a pas changé, je ne suis pas devenue une autre, ni meilleure, et je n'arrive toujours pas à tout relativiser. Malgré tout, j'ai pu constater les ressources qu'on a sous le coude quand tout s'écroule (ou que vous le croyez) ; voir l'importance de son entourage familial et amical car oui, ça change la donne et ça décuple les forces! Et de ce côté-là, je suis sacrément chanceuse. Apprendre à voir que les petites choses sont bien souvent les plus grands bonheurs, ça oui je le mesurais et je le mesure chaque jour.

Mais surtout, surtout, être bluffée à 34 ans par sa maman! Ça vaut toutes les claques que je n'ai pas eues enfant :) 
Ma maman est une guerrière, une warrior, une petite fille avec un mental de GI ; la douceur et la force, penser encore aux autres quand c'est elle la priorité. Elle dit pas de gros mots mais elle a pourtant niqué cette salope de maladie! 

Alors ouais, sans être une princesse connasse, ce que je voudrai tout simplement, c'est ressembler à ma maman. Pour ce qu'elle est pour moi et pour ma famille, pour ce qu'elle répand autour d'elle...Car même si elle comprend pas toujours tout de notre façon de vivre, des réseaux sociaux et autres paramètres personnels divers et variés, elle s'en fout et tolère tout.

D'un article très léger, j'ai basculé dans le grave pour finir dans une déclaration... pas du tout prévu pour le coup, comme quoi, des fois on a besoin d'écrire pour extérioriser. L'écriture est comme la course à pieds, un exutoire léger et agréable qu'on peut pratiquer seul ou partager. Je vous le partage... merci de me lire, chaque retour est toujours un immense plaisir. 




lundi 5 décembre 2016

Un jour ce sera pour moi

J'ai toujours dit qu'un jour, je ferai cette course mythique pour un lyonnais ou un stéphanois : mon expérience de samedi a confirmé cette volonté et je ferai mon tout mon possible pour rendre cela réel.

J'ai la chance de côtoyer pas mal de coureurs de tous niveaux et j'avoue m'être bien marrée à observer leur petite (enfin plutôt grande!) prépa.. ils se reconnaîtront sans doute dans certains points mais les gars, c'est pas méchant, vous êtes bien pires que nous les gonzesses!!!! 

La tenue, les sensations, les massages, la cryo, le régime alimentaire : un peu comme certains magasines à l'approche de l'été pour être la plus belle dans son bikini, nos traileurs se bichonnent, font des achats compulsifs et sont prêts à tout pour que le D Day, tout soit parfait! 

"Tu mets quoi comme pompes?", "combien de couches?", "j'ai un peu mal au ventre/des ampoules/douleurs genou/pieds/tête"... bref l'ensemble du corps y passe! Le traileur serait-il hypocondriaque? Le traileur serait-il chochotte !!!??? Mais NON les nanas, si un peu de stress peut se faire sentir à l'approche de la course, ne rien dire ou le plaindre sont les deux options qui s'offrent à vous! Sinon : fuyez mesdames! 

Pour ma part, j'ai choisi pour la première fois de m'autoflageller sur la saintelyon 2016 en faisant l'assistance toute la nuit de mon traileur : 5 passages où je vais le voir 3 secondes et pourtant, on en voit des choses en si peu de temps ! C'est dur de le voir pas toujours au top mais bon, j'ai choisi hein, je n'ai subi aucune pression ni maltraitance! 

Bref, j'ai droit pour commencer au trajet en voiture avec trois coureurs. Ça va ils n'ont pas couru encore! Là encore, je suis assez stupéfaite par leur débit de paroles!!! 

À l'arrivée sur saint Étienne, j'hallucine sur la foule déjà présente une heure avant le départ mais je sais que certains squattent là-bas depuis plusieurs heures. 

Ça s'échauffe, et vu le froid, le verbe prend tout son sens et je me dis : qu'est ce que je fous là!!! J'ai froid malgré mon attirail digne du grand nord canadien. 

Un dernier bisou à mon traileur, des encouragements aux copains et nous voilà partis avec Laurent, le meilleur des coéquipiers car il connaît bien le parcours et les routes d'ici. Heureusement pour moi! 

On part sur le premier ravito juste pour l'ambiance car mon traileur ne veut pas d'assistance là. On a un pass elite pour pouvoir passer en voiture afin d'être plus près des points ravitos. 
Là, je comprends pas bien : malgré ledit pass, on se tape 800 mètres à courir pour arriver à temps! C'est quoi le délire, je vais courir toute la nuit moi aussi???? Clairement oui! Zone de ravito où il n'y a aucun endroit pour se garer, et les autres sont super loin... on manque même de rater mon coureur une fois! 

Bref, sang froid et combativité, partage et convivialité sont les mots que je retiendrai  de mon expérience nocturne! 

Je regrette d'avoir fait les ravitos avec les élites même si certains étaient sympas car il n'y a pas l'ambiance folle dont on m'avait tant parlé sur le reste de la course. À chaponost, je peux quand même observer les coureurs dans la salle des fêtes et suis admirative de toutes ces personnes venant de courir, faisant une pause, accompagnant... il y a dans leurs yeux quelque chose que je ne connais pas encore ; une sorte de ferveur, comme s'ils savaient un truc que je ne pourrai comprendre tant que je n'aurais pas fait ce type d'effort... et ça, ça m'interpelle. 

D'autres trucs qui m'interpellent : comment font ces élites qui ne s'arrêteront à aucun ravito avec un mini sac??? 

Finis les ravitos, mais tout n'est pas joué, 10 kilomètres restants et pas des moindres : le classement n'est pas encore joué! Je sais que mon traileur serre les dents et c'est difficile de le booster. J'ai un peu insisté pour qu'il fasse cette course... Non pour le résultat mais pour finir sur une bonne note la saison car, au Chili, ça ne s'était pas super bien passé. Donc à ce moment là de la saintelyon, quand il me dit qu'il a des soucis de ventre, j'ai un peu le sentiment de l'avoir envoyé au casse pipe... 

Enfin, la dernière partie se fait avec les copains de la cryo qui ont, eux aussi, fait une sacrée course : deux jours de salon sur le stand de la saintelyon puis nuit blanche pour suivre mon traileur et ils ont enchaîné leur journée de travail le dimanche! Ils me disent souvent qu'ils hallucinent sur sa force et son mental, mais les gars, ce que vous avez fait valait largement son mental et sa force!!! Bravo à vous, j'étais ravie d'être si bien accompagnée toute cette nuit! 

On rejoint maintenant l'arrivée et le spectacle vaut le déplacement, je vous l'assure on se croirait dans un camp militaire :) tout le monde assis, couché n'importe où. De la boue, du sang parfois, la bataille a été folle et on se raconte les souvenirs des tranchées entre Saint Étienne et Lyon !!! 

À côté de ça, l'arche lumineuse et la
Musique de fin de soirée rappellent que nous sommes sur un gros événement et cela annonce aussi l'arrivée  imminente du vainqueur. Sincèrement, les deux premiers m'ont bluffée du début à la fin. Je trouvais que c'était parti vite, mais ils en avaient encore sous le coude, ou plutôt le talon : impressionnants les types! 

Bluffée aussi par Tony moulai qui craquait sur le classement mais qui s'est arraché pour le podium en arrivant presque à genoux sur la ligne. Ca c'est du finish de guerrier! 

Le mien joue sa sixième place au sprint et si c'est le mien, je reste tout de même objective en disant qu'une arrivée comme ça, ça déchire pour les deux qui trouvent les ressources nécessaires encore à 100 mètres de l'arrivée !

Et pour finir sur la course, Sylvaine Cussot qui fait une remontée telle qu'elle arrivera seulement 40 secondes après sa concurrente Juliette Bénédicto. C'était beau. 

Bref, hormis une fatigue impressionnante comme ma crève, avoir assisté à cette course m'a illustrée la force, le courage, l'humilité, le partage, l'amitié, la générosité. La Saintelyon n'est pas la course de l'année, certains diront que ce n'est pas un trail, mais p***** une course de nuit en décembre de plus de 70 bornes, ça envoie du pâté quand même! 

J'ai adoré mon expérience et vous invite si vous ne la faites pas, à y participer à votre manière aussi. L'ambiance y est chouette et le spectacle peut valoir certains films qu'on paye pour voir sur écran géant! 

L'après course sinon? J'ai pas dormi pendant plus de 24H, je suis encore malade, j'ai autant mangé que mon traileur sans avoir fait tant de kilomètres, mais j'ai toujours le smile d'avoir participé à sa course et d'avoir été un petit caillou dans l'édifice de sa saintelyon. Partager, c'est gagné!